Pour sa traditionnelle scénographie de fin d’année, le « château des Dames » a fait appel à Nicolas Viollet, du Conservatoire de la confiserie d’Amboise.
Le saviez-vous ? Le sucre est arrivé en France pendant la renaissance et Catherine de Médicis, qui en était friande, a franchi les Alpes avec son confiseur et son maître glacier personnels. Cinq cents ans plus tard, c’est un clin d’œil à cette partie de l’histoire des lieux que le château de Chenonceau a décidé de mettre en scène en donnant une touche acidulée à ses traditionnelles décorations de Noël. Pas besoin d’aller très loin pour trouver l’artiste capable de traduire cette idée en sucettes et autres berlingots : à Amboise, Nicolas Viollet, le créateur du Conservatoire de la confiserie, était tout aussi désigné.
Nostradamus, apothicairerie et chocolat Menier
Des berlingots et des sucettes géantes, mais aussi des calissons en pyramide, des boules sucrées et autres cannes de Noël ont donc trouvé leur chemin jusqu’aux cuisines de Chenonceau, mariés aux compositions florales qui orneront les lieux jusqu’au début 2024.
» Tout ce qui est fait à Chenonceau a toujours un lien avec l’histoire du château. Ce lien avec la confiserie était, aussi, une manière de travailler avec Nicolas Viollet », explique Jean-François Boucher, scénographe floral de Chenonceau. L’idée de cette collaboration a été lancée début 2023. Le château a fourni des croquis très précis et passé commande à Nicolas Viollet. « Le chef d’orchestre, c’est Jean-François Boucher. Tout était prévu et dessiné, souligne le confiseur. J’ai réalisé mes éléments en fonction des diverses contraintes à respecter. Je me suis seulement permis quelques fantaisies qui l’ont surpris, mais dans le bon sens ».
Près de 200 kilos d’isomalt
L’Amboisien a notamment passé du temps sur les pyramides de calisson, qui comptent plus de 1.000 éléments chacune. « Nous avons également soufflé des boules avec une poire, sur lesquelles nous avons ensuite collé des berlingots, un par un ». Les compositions ont été réalisées à l’atelier de Nicolas Viollet, quartier du Bout-des-Ponts à Amboise, puis transportées. Il a fallu près de 200 kg d’isomalt, un sucre non comestible, pour réaliser l’ensemble des pièces. Le travail du confiseur amboisien a été suivi par une équipe de TF1, qui diffusera prochainement un reportage.
Au final, cette commande aura aussi été une découverte pour le confiseur. Et un travail exigeant, mais stimulant. « Ca a permis à l’équipe du Conservatoire de sortir de sa zone de confort. C’était aussi une remise en question pour nous. Parfois on partait sur une idée, avant de se rendre compte que cela ne fonctionnait pas au moment de la mise en place ». Pour le patron du Conservatoire de la confiserie, lieu unique en son genre en France, travailler pour le château de Chenonceau et ses 800.000 visiteurs annuels, c’est aussi une belle aubaine. « C’est une vitrine inespérée », reconnaît Nicolas Viollet, qui voit de nombreux liens entre son activité et le « château des Dames ».
« Le château a une apothicairerie. or, les apothicaires sont les ancêtres des confiseurs. La famille Menier, propriétaire de Chenonceau, est aussi un grand nom du chocolat. Enfin, Nostradamus, qui était proche de Catherine de Médicis, est l’auteur du premier Traité des confitures. Pour moi, tous les éléments concordaient.
Julien Proult
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